Nous voilà à nouveau réunis comme l’année dernière pour le débat sur les orientations budgétaires. Réunis dans une situation qui n’a cessée de se dégrader aussi bien sur le plan sociale et économique au niveau national et sans commune mesure au niveau départemental.
Il n’est plus nécessaire de rappeler le contexte qui est désormais connu. De même sont démasqués les responsables, sont identifiées sans approximation les choix politiques qui sont à l’œuvre au niveau nationale et l’acharnement désormais assumés par le gouvernement actuel de mettre en péril la chose public au service de l’intérêt général à savoir, les collectivités locales et en particulier le département.
Les responsabilités et les responsables sont identifiés et connus, ils ne sont pas à la direction de ce département, mais si nous ne prenons pas garde nous risquons d’être assimilés à ces pratiques et choix politiques. (Encore que les déclarations d’hier soient de nature à relativiser le propos)
Monsieur Le président vous mettez aujourd’hui en débat des priorités dans le cadre des orientations budgétaires, et dans un cadre économique et social qui pèsent sur la vie des habitants et des décisions gouvernementales qui limitent de plus en plus nos moyens d’intervention.
Nous privant de recettes pérennes et dynamiques, et laissant l’écart se creuser entre les transferts et les compensations toujours absentes.
Dans le rapport 3 priorités sont sanctuarisées : Politique sociale, Education et infrastructures de Transports.
La priorité des priorités, c’est le social, les solidarités mais pas une conception étroite du social.
Nous devons avant tout maintenir, coute que coute, le rôle de bouclier social de notre département pour protéger et aider nos concitoyens de plus en plus dans la difficulté et la souffrance. Cela passe nécessairement par le maintien de notre capacité à maintenir nos politiques sociales et donc de solidarité afin de répondre aux besoins premier des habitants.
Depuis de longs mois les services sous l’impulsion de la direction générale sont au travail pour présenter à l’arbitrage des élus que nous sommes une maquette du budget. Une approche technique, partant des propositions des services, sur la base des besoins ressentis avec une orientation tendre à l’équilibre des comptes coute que coute.
C’est le rôle normal de l’administration, ces éléments nous ont été présentés à chacun dans nos secteurs. J’ai eu l’occasion de saluer le travail réalisé mais aussi de réaffirmer des manquements sur les budgets qui concernent le périmètre de mes délégations.
C’est donc à la lumière du débat d’aujourd’hui, que nous devons, d’ici le vote de l’assemblée départementale, examiner le travail de l’administration, faire les arbitrages nécessaires, donner dans les comptes le sens de notre volonté, de notre politique.
Il y a dans cette proposition et dans le contexte contraint où nous sommes des éléments positifs, je souhaite en illustrer quelques uns:
- globalement un maintien de nos politiques sociales, particulièrement pour ce qui concerne le secteur de la Famille et de l’Enfance, quelques avancées, mais aussi des zones d’ombre, des réductions, des coupes.( Projet de villes RSA, postes d’assistantes sociales, FSL, FSE, gel de 11 postes éducateurs spécialisés, insuffisances sur les investissements et les travaux dont les crèches, ou encore la baisse importante dans les actions culturelles dans les crèches, alors que nous avons lancé une dynamique positive à travers la concertation sur le projet éducatif )
- Mais aussi des annonces qui ont été faites et qui se mettent en place bien avant le vote du budget. Ce n’est pas normal, c’est même regrettable.
Je veux parler du moratoire, du gel de postes dans le secteur de la Prévention spécialisée et bien d’autres.
Je le dis comme hélas je le dis chaque année mais plus fortement aujourd’hui : ce n’est pas la bonne méthode. D’autant que cela vient en complément de décisions précédentes sur le niveau des subventions et leur échelonnement dans le temps. Et après des coupes injustes l’an dernier sur la carte imagin’R, la carte améthyste et les ordinateurs, elles sont prolongées cette année par la suppression des calculettes.
Si nous partageons l’analyse faite dans le document d’orientation, alors nous devons retrouver cette même cohésion, cette même logique dans l’élaboration budgétaire. Notre majorité doit rester unie sur un projet partagé dans les choix et les moyens de le mettre en œuvre … si on le souhaite vraiment ?
Il n’y a pas de solution technique, sauf peu à peu à rentrer dans le cadre que nous impose cette politique d’étranglement des collectivités territoriale, sauf à accepter, certes à notre corps défendant , d’être les instruments, les relais de cette austérité programmée et continue.
Et, peu à peu, nous replier sur le socle de base de nos compétences obligatoires.
Quel sens donner alors à notre politique si nous nous limitons à nos actions obligatoires, pour la plupart fixées par l’Etat central. ? Le projet social départemental, toujours pas travaillé avec les vice présidents et les conseillers généraux, ne saurait à lui seul combler cette lacune, car vidé de tout sens.
Tout au contraire si nous voulons desserrer l’étau, retrouver des marges d’actions et de réponse aux besoins, il nous faut récupérer les 930 M € qui nous sont dus.
Pour cela une seule méthode : la transparence, l’information et l’association des élus, tous les élus, c’est bien le moins, de la population, des associations, des acteurs sociaux et de ce peuple de gauche dont on attend la victoire en Mai, mais que l’on laisse aujourd’hui à l’écart de ce combat contre le gouvernement. Au-delà des mots, on reste l’arme au pied.
Le principe du moratoire ne peut être à la hauteur des enjeux, premièrement , cette déclaration internalise le problème, deuxièmement au lieu de chercher la convergence avec les Maires, transfère une partie des difficultés qui nous sont imposées sur les villes et donc leurs habitants. Les Ehpad, les Pmi, les équipements culturels et sportifs sont des domaines de politiques publiques qui seront directement impactés.
Dans la mouture administrative du budget, il est annoncé, dans mon secteur et contre mon avis le gel de 11 postes, 16 à terme, d’éducateur de Prévention spécialisées. Mieux, avant toute décision, on l’annonce aux directeurs des associations spécialisées, malgré mon refus annoncés en réunion de secteur et lors des réunions techniques budgétaires. Les conséquences se sont fait entendre : courriers des présidents d’associations, de maires des villes, etc.
Afin de préciser les choses, Je viens de les réunir lundi dernier pour leur exposer la situation et ma position sur le périmètre de ma délégation que j’entends porter.
J’ai retenu un enseignement lors de cette rencontre avec les présidents et les directeurs de ces associations de préventions spécialisées qui je le rappelle interviennent dans le cadre de prérogatives du département ; c’est que même dans la contrainte, d’autres choix sont possibles, l’implication et la responsabilisation collective permettent de faire partager les enjeux, de construire des réponses collectives ce qui permet de garder notre crédibilité.
Nous devons tout faire pour construire des solidarités, pour engager l’action, sans laquelle il n’est pas de victoire possible.
Dans les orientations, il est fait particulièrement appel à la mobilisation de nos agents. Si nous voulons mobiliser, pas seulement pour des efforts supplémentaires, il faut associer, accompagner, sortir d’une politique managériale, mais aussi que le projet soit mobilisateur et partagé ! Et ne pas mettre nos agents, nos cadres en porte à faux, leur faisant tenir comme dans mon exemple de la prévention spécialisée un rôle qui n’est pas le leur. Ce caractérisant par des sémantiques du genre « c’est la décision de l’administration » ou encore « c’est la proposition de l’administration » etc..
La feuille de route, d’ici au vote du budget, est donc claire en ce qui me concerne :
Nous devons reprendre secteur par secteur, ligne par ligne, action par action le budget pour que tout soit connu, ouvert au débat et à un arbitrage dans la clarté.
Soupeser chaque limitation des moyens, sur la base des orientations retenues par l’Assemblée. Sauf à penser que les orientations viendraient après l’élaboration du budget, ce qui n’est pas envisageable.
Examiner chaque choix à la lumière de notre ambition politique de maintenir les solidarités, de venir en aide à nos concitoyens et de donner par nos choix un sens à nos actions afin de réconcilier les habitants avec la politique, le politique, comme un élément possible du changement.
Cela doit se faire, et c’est possible, avec tous les acteurs dans la préparation du budget comme dans la forme qu’il prendra pour poursuivre, à un niveau inégalé, l’action pour obtenir notre dû à savoir les plus de 790 millions d'euros que la république doit aux habitants de la Seine Saint-Denis.
Nous ne gagnerons rien à montrer moins de combativité cette année alors que la situation s’aggrave d’année en année alors même que nous avons la possibilité comme cela a été fait sous votre impulsion, la bataille sur le budget de révolté qui a été apprécié par les habitants, ou encore la lutte pour une réparation légitime sur la question des mineurs isolés et bien d’autres actions.
A ce titre je partage l’ambition qui est de protéger les habitants de la naissance à la vieillesse, de la violence des choix de l’Etat, de les accompagner dans la préparation de l’avenir et enfin d’innover pour redonner de l’espoir. Alors innovant dans nos luttes, innovant dans nos choix, car demain nous seront attendus et devront être crédible et éviter d’être à rebours de ce qu’attendent les citoyens en Mai prochain de la gauche, sauf à considérer que la gauche ne pense rien changer ? Je ne peux l’imaginer un instant.
Bally BAGAYOKO